Cyril et Amélie

Cyril et Amélie
(Cyril nous a quitté en 2023, après ce témoignage. Depuis, Amélie, sa compagne, a repris le flambeau)
Croc’châtaigne

Crème de châtaigne et sirop 
Trébas

Cyril et Amélie entourent un châtaigner de leurs bras

1 Qu’est ce que tu aimes faire dans ton travail ?

Etre dans la forêt ! Je m’occupe des arbres. J’ai acheté d’anciennes châtaigneraies, il faut les entretenir. Le travail de bûcheronnage me plait.

 

2 Qu’est-ce qui te pèse ?

Rien ne me pèse. J’aime tout. De la récolte des châtaignes à leur transformation. Même la vente, j’ai plaisir à parler de mes produits. Et il n’y a pas eu beaucoup à investir donc je n’ai pas de pression liée à un endettement,  je reste à petite échelle.

 

3 Qu’est-ce qui a du sens, te donne entière satisfaction ? Qu’est-ce que tu réussis ?

La maison nous l’avons achetée avec ma compagne parce qu’elle était vendue avec une châtaigneraie. Et en se baladant juste autour, nous avons trouvé d’autres châtaigneraies greffées, anciennes, ce qui est extrêmement rare… nous étions à la bonne place !

Quand j’ai eu besoin de matériel ou d’informations sur la transformation, tout s’est bien goupillé. J’ai trouvé un labo à deux heures d’ici, on y reste une semaine, on loue un gîte, on dort là bas et on y fait tout. Cette année on apporté 600 kg de châtaignes, on est reparti avec 2000 pots.

 

4 As-tu des sujets de colère ?

Oui, il y a des sujets. J’ai souhaité racheter une parcelle à des voisins, une ancienne châtaigneraie délaissée, de beaux arbres greffés de 200, 300 ans, plusieurs générations s’en sont occupés mais la dernière a abandonné. Cet été j’avais même refait tous les chemins pour y accéder mais l’ancien est revenu sur sa parole…

 

5 - 6 Qu’elle est la première chose que tu fais le matin par rapport aux châtaignes ? et la dernière ?

Ça dépend du moment de l’année. La châtaigneraie au final c’est une saison, celle de la récolte-transformation. L’automne. Le reste de l’année on n’a pas forcément beaucoup de travail. Un peu de bucheronnage l’hiver, un peu de greffe au printemps pour remplacer certains arbres morts… Mais entre le 15 octobre et le 1er novembre, ici les châtaignes tombent toujours au 15 octobre, ça y va ! On a mis des filets sous les arbres avant, on rassemble les châtaignes en bout de filet et on les débogue à la main. On met en caisse. Il y a alors un tri à faire : on plonge les châtaignes dans une baignoire remplie d’eau, les véreuses flottent, on les enlève. On conserve les autres dans des filets à patates dans la rivière ; l’an passé il n’y avait pas d’eau, on les a mises en chambre froide. Et c’est la dernière chose que l’on va faire en cette période de récolte.

 

7 Comment en es-tu arrivé là ? Ce métier ?

La gourmandise !

Pendant le voyage autour du monde en vélo avec les copains, on se faisait souvent envoyer par les parents, un pot de crème de châtaignes. On aimait bien.

Quand on est rentré, on s’est installé dans un éco village dans la Montagne Noire. Là bas il y a plein de châtaigniers. Nous avions pour objectif de nous trouver un métier sur place. Pour moi et ma compagne, les abeilles et les châtaignes. L’éco village n’a pas tenu mais nous avons emporté l’idée du projet et  trouvé la maison ici.

Je viens des Vosges et mon grand-père m’avait appris à bûcheronner. Ce qu’il faut couper, ce qu’il faut laisser… la forêt je savais.

 

8  Est-ce que tu en vis ?

Pas encore mais c’est le but. Il faudrait peut-être augmenter la production ou faire d’autres produits à base de châtaignes, la farine étant le but ultime. Avec le miel et ses dérivés on devrait pouvoir en vivre.

Après, en vivre, c’est aussi quelles sont tes dépenses, ton train de vie ? On n’a pas prévu d’avoir des investissements lourds car on risquerait d’en revenir au même point et de travailler plus. Cette année le crédit d’impôt bio, cette aide de l’état pour les agriculteurs qui sont labellisés bio a augmenté, et couvre les frais fixes.

Croc’châtaigne n’a qu’un an d’existence, on verra avec le temps à sortir un salaire (deux ?), pour l’instant c’est un peu frais.

 

9  En quoi peut-on t'être utile, nous, adhérents de la Sauce Locale ?

Ramasser les châtaignes ? Cette année je vais avoir besoin d’un coup de main c’est sûr. Début octobre 2023 ce pourrait être bien.

Et par rapport à La Sauce Locale : faire des retours ou des demandes de produits. Partir d’une demande ça peut nous donner des idées. Parce qu’avec les châtaignes, on peut faire tant de choses.

Si j’arrive à sécher les châtaignes pour la farine je pourrai faire aussi des châtaignons… je fais déjà les châtaignes au naturel. Je choisis les plus belles une fois épluchées. Cette année sur les 2000 pots de toute la gamme (crème de châtaigne, crème de châtaignes aux amandes, crème de châtaignes aux noisettes), 200 sont au naturel. Un dixième. On y arrive. Au marché de Trébas cet été il y aura les sorbets à la châtaigne !